Entrevue avec J-C
Quand on dit que « je crois que je fais partie des meubles » cette
phrase lui va bien. Tellement big le gars qui a contournée mes questions et
les a mis à sa saveur à lui. Il m’a quand même divertie avec ses histoires,
c’était bien avant que je sois un membre de la LBMA.
Christian Poulin;
1.
Depuis quand tu
évolues dans la LBMA?
Vous pouvez essayer de deviner. Ça date d’une certaine époque où Pat
Chartrand jouait au champ centre et était le champion frappeur de la ligue.
Parmi mes coéquipiers, il y avait André et Gilles Dandurand, Marcel Morin,
Spiro Dermatis et Michel Desjardins.
(C’était en 1996, donc ça fait plus de 25 ans. J’ai manqué plusieurs saisons
malheureusement à cause de l’université et des blessures.)
Je me sens très choyé d’avoir eu la chance de jouer avec les membres du
temple de la renommée.
2.
Qui te la fait découvrir ?
C’est difficile de m’imaginer un monde sans la LBMA. De ma perspective, elle
a toujours été là. Étant le fils de l’un des membres du temple de la
renommée, je participais déjà aux activités de la ligue dès mon jeune âge en
courant après les fausses balles.
J’ai d’ailleurs connu mes premiers succès à un très jeune âge lors du
tournoi de poche du pique-nique annuel de l’époque organisé par la LBMA au
camping Plage Laliberté à St-Liboire. Je ne pense pas que ce n’était pas
prévu qu’un enfant gagne, car le prix étant une bonne bouteille de vin.
Étrangement, mon père était très heureux de ma victoire
😊.
La famille Poulin a toujours aimé les traditions. Nous y retournons encore
aujourd’hui à chaque année pour y disputer notre tournoi de fer annuel
familial. Mère nature a récupérée les terrains qui ne sont plus en bon état,
mais ça ne nous empêche pas d’éprouver autant de plaisir qu’à l’époque.
3.
Raconte nous ton
parcourt de balle au travers des années ?
Je n’ai pas beaucoup joué au baseball étant jeune, alors ce sont plusieurs
membres de la LBMA qui m’ont enseigné comment jouer à travers les années. Je
suis conscient qu’il reste beaucoup de travail à faire 😊.
Je me considère très chanceux d’avoir eu la chance de passer du temps avec
des gens comme Pat Chartrand, Pat Blouin et sa conjointe Kim Sarrazin. Grâce
à eux (et bien d’autres), j’ai l’impression de devenir un meilleur joueur à
chaque saison (malgré les années qui s’accumulent).
L’autre avantage d’avoir souvent joué avec eux, c’est d’avoir eu des équipes
avec des fiches gagnantes la majorité de mes saisons dans la LBMA.
4.
Quel style de joueur
es-tu ?
Je suis le genre de joueur qui glisse au marbre avec des blessures aux deux
genoux sur un squeeze bunt pour gagner faire gagner la finale de championnat
11-10 à son équipe. Je suis également du genre à gagner les séries avec ma
femme enceinte dans les estrades à une journée d’accoucher.
On ne pourra pas me reprocher de ne pas toujours tout donner ce que j’ai 😊. N’ayant pas le talent naturel de
joueurs tel que mon frère, je compense à coup de jeux sacrifices et des
présences de qualité avec plus de huit lancers. Je commence à sourire (ça
m’arrive parfois) quand les gens commencent à me trouver fatiguant au bâton
😊.
Avec mon père qui me sermonne et qui décortique chacune de mes parties, je
crois également commencer à comprendre comment « la game » fonctionne. Il me
récite le livre du baseball tel qu’on le faisait avec le petit catéchisme à
l’époque.
Ça m’a permis de faire des jeux tels que de voler le marbre sans que
personne ne s’en rende compte. Ou encore de faire un triple jeu en défensive
décrit en temps réel par André Dandurand qui assistait à la rencontre dans
les estrades juste à côté de moi au 3e but (tag du joueur qui
allait au marbre, retrait forcé en touchant le 3e but et un
lancer au 1er pour le troisième retrait de la manche). J’étais
très fier d’avoir fait 2 triples jeux lors de la même saison cette année-là.
Je ne parlerai pas de la partie des séries qui est allé en prolongation et
qui était normalement terminée (ça risquerait de ramener des mauvais
souvenirs à certains joueurs). Je suis allé voir l’arbitre pour lui dire que
le frappeur n’avait pas touché au premier but sur un but sur balle qui
donnait la victoire à son équipe. Mais bon, même si nous avons gagné ce 2 de
3, le karma nous a rattrapé peu après. Nous avons perdu les deux parties
suivantes malgré le fait d’avoir compté 35 points au total lors de ces
rencontres…
5.
Quel est ta faiblesse
à la balle?
Je suis peut-être fou, mais je ne suis pas cave au point de répondre à cette
question-là 😊.
Bien que ce ne soit pas un grand secret pour personne car toute la ligue est
au courant. (Eh oui, il y en a quelques-unes…).
6.
Avec quel joueur de
la ligue aimerais-tu jouer mais que tu n’as pas encore eu la chance de le
faire?
Sans hésitation, ça serait Stéphane Beaudoin. C’est un joueur extrêmement
doué pour lequel j’ai beaucoup d’admiration. Nous n’avons jamais été dans la
même équipe malgré toutes ces années dans la LBMA. Ça serait bien de pouvoir
jouer avec quelqu’un d’aussi dominant (et ça aiderait ma moyenne au bâton 😊).
Je me rappelle quand j’étais encore trop jeune pour jouer, de l’avoir vu et
de m’être dit qu’il me faisait penser au Pierre Lambert de la balle-molle
avec son talent et sa présence.
7.
Quel est ton plus
beau souvenir dans la LBMA ?
C’est difficile de choisir, car il y en a tellement. J’ai beau être dans la
quarantaine, d’aller à chaque partie avec mon père est sans aucun doute ce
qui m’est le plus précieux.
Je me souviens aussi d’une rencontre où mon père lançait contre mon frère et
moi. Il y avait également mon oncle qui arbitrait en arrière du marbre. La
LBMA, ça a toujours été pour moi une grande histoire avec des familles
formidables. C’est toujours plaisant de revoir des gens comme Michel Bureau
et Pierre Blouin qui viennent nous encourager très régulièrement.
En termes d’équipes, j’ai eu des superbes saisons avec les rouges de Pat
Blouin. Je me souviens d’une année où nous avions gagné le championnat avec
Guy Brisebois et mon frère jouaient dans le champ avec moi et qui criaient
« championship! » à toute tête en lançant leurs gants dans les airs. Nous
voulions tellement gagner cette année-là, après que les « méchants gris »
avaient abusé des règles contre nous alors que Pierre Sansregret se soit
fait expulser d’une rencontre (à tort selon moi). Nous avions gagné la
partie par un point de peine et de misère avec un joueur en moins et des
retraits automatiques gratuits pour l’autre équipe. Le lendemain, nous
avions tellement le couteau entre les dents que nous avons gagné également
la deuxième rencontre par la marque de 16-3 si ma mémoire est bonne.
Mais une de mes plus belles saisons était avec les « Orange Crush » de Denis
Charbonneau. Nous avions gagné les séries et c’était probablement le
meilleur esprit d’équipe que j’ai vu dans ma carrière. Nous entendions des
joueurs tel que Carol Bérubé et Yves Dumontet (« Ben Oui ») à partir du
stationnement lorsqu’ils arrivaient au parc. Il y avait d’autres joueurs
incroyables et très appréciés dans la ligue comme Michel Forbes, Spiro
Dermatis, Vince et Nick Dinicolantonio, Éric Morin et mon frère.
8.
Quel est le moment où
tu as été le plus embarrassé dans la LBMA ?
Je n’en suis pas très fier, mais je pense avoir un top 3 assez mémorable.
Lors d’une rencontre, je courrais pour attraper une balle frappée à la
clôture. Rendu à la piste d’avertissement, je suivais toujours la balle des
yeux et j’ai glissé. Malheureusement, mon pied a frappé la clôture très
solidement et est resté coincé en dessous.
Lors de la pire rencontre de ma vie, ma belle-famille arrivée de l’Abitibi à
mon insu. Ils ont soufflé dans une trompette alors que je m’élançais sur un
compte de 3 balles 2 prises. Mon père (jouant pour une autre équipe), les
encourageaient à nous déconcentrer durant la partie. J’ai terminé la partie
avec 3 retraits au bâton et mon frère 2. Mais bon, même les joueurs de notre
équipe trouvaient notre embarras très drôle!
C’est difficile de croire qu’il peut y avoir eu pire que ça, mais oui, c’est
arrivé. Lors d’un match où on m’appelait encore le kid car je n’étais pas
très vieux, j’affrontais au bâton le très talentueux André Dandurand comme
lanceur. Il m’avait atteint accidentellement avec une balle rapide à la
tête, J’étais ok. Rectification : j’étais ok jusqu’au moment où ma mère qui
était dans les estrades se lève et crie très fort « touchez pas à mon
fils! ». Je suis resté étendu au sol car j’essayais de m’enfoncer la tête
dedans 😊.
9.
À quel joueur
aimerais-tu ressembler le plus et pourquoi ?
Patrick Blouin est sans aucun doute le meilleur joueur avec qui j’ai eu la
chance de jouer dans ma carrière. Il a un talent fou et un QI de baseball
incroyable. Je me rappelle l’avoir vu jouer à l’arrêt-court et de retirer un
gars au premier but à genoux à partir de la lisière du gazon. Lors d’une
pratique au parc André-Grasset (Martucci aujourd’hui), il avait frappé un
circuit sur la rue Place des Coopératives. Pour ceux qui ne le savent pas,
la rue de l’autre côté de la clôture, c’est Émile-Journault. Place des
Coopératives, c’est en arrière des maisons. Je m’en souviens car c’est moi
qui étais allé chercher la balle 😊.
Cela étant dit, j’avais besoin d’un modèle qui jouait au 3e but
(ma position préférée). J’essaye encore aujourd’hui de ressembler (sans
jamais réussir à l’égaler) à Doug Wilson. Un joueur apprécié de tous, qui
n’avait jamais froid aux yeux et reconnu pour son esprit sportif (le trophée
porte aujourd’hui son nom). Keith Beauregard est également au sommet de ma
liste.
10.
Est-ce qu’il y a eu
des controverses dans ta famille ?
Je ne sais pas si inviter mon frère et mon père qui jouaient contre moi ces
années là pour le souper du dimanche et utiliser les trophées de la saison
ou des séries comme centre de table compte pour des controverses 😊.
Mais nous avons dans ma famille l’équivalent du but d’Alain Côté.
Mon oncle Claude s’était juré de retirer sur décision mon frère au moins une
fois avant de prendre sa retraite comme arbitre. C’était un sujet récurrent
lors des réunions familiales. C’est finalement arrivé alors que mon père et
moi étions en vacances (donc pas de témoin). Mon frère jure que la balle
était deux pieds à l’extérieur, mais les autres membres de son équipe jurent
à l’unanimité (avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles) que c’était bien un
retrait un bâton. Qui dit vrai dans cette histoire? Nous ne le saurons
probablement jamais.
11.
Si tu pouvais faire
trois souhaits par rapport à la LBMA ?
Comme tout le monde, je souhaite de pouvoir jouer encore longtemps dans une
si belle ligue. Je tiens à remercier tous les gens comme Michel Plante qui
se donnent corps et âme pour cette ligue. Ça serait formidable d’avoir la
chance de jouer un jour avec mon plus vieux. Il est déjà bien meilleur que
moi à 14 ans.
Mon deuxième souhait remonte à ma jeune enfance. Encore aujourd’hui, je rêve
de voir un jour un joueur frapper un coup de circuit sur un train qui passe
au parc Jarry 😊.
Mon troisième serait de pouvoir rejouer à nouveau dans la même équipe que
mon frère un jour. C’est ce qui me manque le plus dans la LBMA.
Christian est à sa 19e saison, a 366 parties jouées (32e
all time), 1010 apparitions au bâton (51e all time), 270 coups
sûrs et une moyenne à vie de 0.267.
Christian, je souhaite le retour de ton frère dans la ligue et que
ton fils sois celui qui la frappe sur le train !!